Contexte suisse: consommation et importations de volaille

En 2024, la Suisse a consommé environ 140’000 tonnes de volaille, dont 40% provenaient de l’étranger. Parmi la viande importée, près d’un poulet sur deux provenait du Brésil, soit plus de 25’000 tonnes importées par an, faisant du Brésil le premier fournisseur de volaille du pays, largement devant la Hongrie, l’Allemagne et la France.

Déforestation et chaîne d’approvisionnement

Au-delà des questions liées au transport et à la congélation, un enjeu écologique majeur demeure: la déforestation. Greenpeace affirme que cette volaille importée peut mettre en péril les forêts d’Amazonie et du Cerrado, en Amérique du Sud, en lien avec l’emploi du soja comme source de protéines pour les poulets, soja cultivé sur de vastes terres fertiles.

Traçage des origines et preuves satellites

En retraçant les origines des poulets brésiliens et à partir d’images satellites, Greenpeace indique que d’importantes cultures de soja se trouvent souvent sur des terres déforestées illégalement et se situent près des grands élevages avicoles. Cela donne à penser que les poulets se nourrissent du soja issu de ces zones, selon l’ONG.

Le cadre économique et les réactions

Greenpeace propose, à l’issue de son rapport, d’envisager l’arrêt de l’importation de poulet brésilien. Cette mesure serait difficile à appliquer, selon Jacques Clément, éleveur et membre du comité de l’Association des producteurs suisses de volaille, car la Confédération a signé un accord de libre-échange avec le Mercosur.

Poulet suisse: écologie et coût

L’agriculture suisse s’efforce de répondre à la demande et produit actuellement un peu plus de 60% du poulet consommé en Suisse. Jacques Clément précise que ce poulet, élevé dans des conditions respectueuses, n’affecte pas les forêts tropicales. Bien que la Suisse importe la majorité des aliments destinés à l’élevage, dont le soja, ces aliments proviennent d’Europe et sont certifiés sans OGM.

Il ajoute qu’opérer une consommation de viande réduite mais de meilleure qualité pourrait être une solution. Il rappelle que si l’on ne mangeait que de la volaille suisse, la consommation globale diminuerait d’environ 40%.

Le poulet brésilien est généralement moins cher que le poulet suisse, mais la volaille helvétique demeure une option de prix raisonnable par rapport à d’autres viandes; et elle présenterait un profil nutritionnel pauvre en graisses, selon l’éleveur.

Sujet radio: Christophe Ungar. Adaptation web: Myriam Semaani.

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