Face à la hausse des droits de douane imposés par les États-Unis, certains acteurs de l’industrie chocolatière suisse estiment nécessaire d’explorer des mesures de soutien. Parmi eux, Daniel Bloch, directeur de la chocolaterie Camille Bloch à Courtelary (connue pour ses marques Ragusa et Torino), plaide pour un engagement accru de la Confédération.
Un écart significatif entre la Suisse et l’Union européenne
Les producteurs suisses exportant vers les États-Unis doivent s’acquitter de droits de douane à hauteur de 39 %, alors que l’Union européenne bénéficie d’un taux réduit à 15 %. Selon Daniel Bloch, cette différence fragilise la compétitivité de l’industrie helvétique face à ses concurrents européens. Sa proposition consisterait à ce que l’État fédéral prenne en charge une partie de cet écart afin d’éviter une délocalisation de la production.
Des limites aux mesures actuelles de soutien
Actuellement, la Confédération privilégie l’instrument du chômage partiel pour aider les entreprises affectées. Or, pour une société agroalimentaire comme Camille Bloch, active dans la fabrication de denrées périssables, cette mesure ne serait pas adaptée. Selon son directeur, réduire la production mettrait en péril la présence de la marque sur le marché américain, faute de stocks disponibles.
Une relance du débat autour de la « loi chocolatière »
La proposition de Daniel Bloch rappelle l’ancienne politique dite de la « loi chocolatière », qui permettait de subventionner les exportations afin de compenser le prix plus élevé du lait suisse par rapport au lait européen. Ce dispositif a été abandonné en 2019 sous la pression de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le dirigeant souligne toutefois qu’il s’agirait d’une mesure ciblée sur les exportations vers les États-Unis et qu’il estime que cette approche pourrait être défendable, compte tenu du contexte international.
Conformité ou non-conformité avec l’OMC ?
Certains observateurs pourraient voir dans cette proposition un risque de non-respect des règles de l’OMC. Daniel Bloch considère pour sa part que de nombreux pays recourent eux-mêmes à des solutions bilatérales avec Washington, y compris les États-Unis, et que la Suisse ne devrait pas être plus stricte que ses concurrents. Toutefois, la compatibilité de telles mesures avec les engagements internationaux de la Confédération resterait un point sensible.
Un coût élevé pour les finances fédérales
Une autre critique formulée à l’égard de cette idée concerne son impact financier. Selon des estimations relayées dans le débat, la prise en charge de 20 % des droits de douane représenterait environ un milliard de francs par an pour la Confédération. Daniel Bloch indique avoir souhaité avant tout proposer une solution concrète après l’annonce du relèvement des taxes. Sa démarche vise essentiellement les entreprises confrontées directement à ce surcoût, et non l’ensemble de l’économie suisse.
Un appel à mieux anticiper les crises commerciales
Interrogé sur la stratégie des autorités fédérales face à la politique protectionniste des États-Unis, Daniel Bloch souligne que la Suisse devrait renforcer sa préparation aux scénarios de crise. Il estime qu’il serait risqué de compter uniquement sur des négociations diplomatiques et qu’il faut envisager des solutions pratiques pour soutenir les exportateurs.
Située à Courtelary dans le Jura bernois, la chocolaterie Camille Bloch emploie plusieurs centaines de collaborateurs et poursuit son développement malgré un contexte commercial international de plus en plus complexe.