Cartographie du niveau de formation par quartier

Les données récentes de l’Office fédéral de la statistique permettent d’observer la répartition des niveaux d’instruction au sein des agglomérations et des communes, avec une granularité allant jusqu’à l’échelle d’un hectare (100 mètres sur 100 mètres).

Deux réalités distinctes dans le canton de Neuchâtel

Dans ce canton, le contraste entre le Haut et le Bas est net. Les zones au bord du lac et le centre affichent une part plus élevée de personnes ayant poursuivi des études supérieures, tandis que La Chaux-de-Fonds et Le Locle apparaissent plus associées à des formations moins avancées.

Selon l’historien Marc Perrenoud, « Le Locle et La Chaux-de-Fonds sont des villes horlogères, alors que Neuchâtel accueille l’administration et exerce une forte demande pour des profils liés à l’enseignement supérieur ». Le constat au centre-ville est renforcé par la présence d’institutions telles qu’une haute école, un conservatoire et des services utiles à ces formations, ce qui se traduit par des emplois nécessitant des diplômes élevés.

Des frontières invisibles dans l’agglomération lausannoise

Dans l’agglomération lausannoise, les cartes dessinent des « frontières invisibles » : les résidents ayant interrompu leur formation après l’école obligatoire se concentrent à Renens, Prilly et dans le nord-ouest de Lausanne. À l’inverse, l’est de la ville et le littoral du Léman abritent une majorité de diplômés de l’université ou des hautes écoles.

Genève: un découpage moins net mais des tendances claires

À Genève, le centre-ville regroupe une majorité de personnes ayant poursuivi des études supérieures, tandis que les résidents moins formés se trouvent répartis entre plusieurs communes périphériques, notamment Meyrin, Vernier et Onex. Néanmoins, les écarts restent perceptibles entre les zones urbaines et le reste du canton.

Selon René Véron, ce phénomène est fréquent dans les villes du monde et n’est pas nécessairement problématique : l’important est de maintenir la qualité des services publics pour préserver l’égalité des chances et éviter les stigmatismes.

Villes et campagnes : un regard global

La question ne se limite pas aux grandes agglomérations. Fribourg et le Valais illustrent le clivage entre centres urbains et espaces ruraux : les centres urbains abritent des populations plus diplômées, alors que les parcours scolaires plus courts et l’apprentissage demeurent plus répandus dans les campagnes et les localités plus petites.

Selon le géographe, « le niveau de formation importe, car il influe sur les revenus ». L’Office fédéral de la statistique indique que le salaire brut médian se situe autour de 5 000 francs pour les professionnels issus du système scolaire obligatoire, contre environ 10 000 francs pour les diplômés universitaires. Toutefois, cette observation ne signifie pas nécessairement que les quartiers moins diplômés soient moins vivables ou plus exposés à la criminalité ; il faut éviter toute stigmatisation et examiner les contextes locaux.

Conclusion

Les analyses montrent que ce type de répartition existe dans plusieurs pays. En Suisse, les dynamiques de polarisation et d’exclusion demeurent peu marquées, mais le contexte local est à prendre en compte pour garantir l’égalité des chances et le maintien de services publics de qualité.

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