Pourquoi la pratique de la fauche en milieu alpin est essentielle pour la préservation des paysages

Lors d’une randonnée sur le sentier de crête au Stoos, dans le canton de Schwyz, une influenceuse new-yorkaise a été surprise de voir un agriculteur en train de faucher un pré situé à plus de 1900 mètres d’altitude. La scène, filmée et partagée sur TikTok, a rapidement suscité l’intérêt du public. Elle témoigne de pratiques agricoles en milieu montagnard souvent peu comprises par les non-initiés.

Une opération coûteuse, mais vitale pour la biodiversité et la gestion du territoire

Les enjeux financiers du fauchage en montagne

Selon Carmen Lüönd, porte-parole de Stoos-Muotatal Tourismus, une faucheuse est transportée chaque année par hélicoptère jusqu’au site, avec un coût compris entre 150 et 400 francs par vol. Bien que cette activité ne soit pas économiquement rentable, elle constitue un aspect crucial de la gestion des prairies à haute altitude, qui sont évaluées selon des critères stricts liés à la biodiversité, aux habitats et à la diversité génétique. La décision de faucher ou non une parcelle dépend de ces évaluations, avec des programmes adaptés : certains pré sont fauchés annuellement, d’autres tous les deux ans, voire pas du tout.

Une durée de travail variant entre trois et dix heures par hectare

Le travail de fauchage varie en intensité selon la superficie concernée. D’après Carmen Lüönd, l’herbe coupée est ensuite récoltée pour nourrir les animaux en élevage montagnard. Sur le plan financier, ce procédé apparaît peu rentable, car le coût de production d’un hectare atteint environ 1700 francs, une somme qui ne couvre pas nécessairement les revenues générés par la collecte.

Une démarche principalement orientée vers la conservation du territoire et la transmission des traditions

Les objectifs environnementaux et culturels du fauchage en altitude

Selon Mario Bürgler, chef de l’Office de l’agriculture dans le canton de Schwyz, l’opération n’est pas motivée par un souci économique mais par une volonté de préserver les paysages naturels et culturels locaux. La fauche régulière contribue également à renforcer la sécurité dans ces zones, en limitant notamment les risques liés aux glissements de terrain ou aux avalanches.

La lutte contre les dangers naturels grâce à l’entretien des prairies

Faucher les surfaces en montagne permet en effet de réduire considérablement les risques d’éboulements, d’avalanches ou de chute de pierres. En empêchant la prolifération excessive de végétation, cette pratique limite la formation d’un tapis herbacé dense qui, en automne, pourrait favoriser le glissement des couches de sol sous l’effet de la pluie ou des premières neiges. De plus, l’herbe fauchée agit comme un stabilisateur naturel, empêchant la formation de surfaces glissantes et freinant la chute de petits cailloux, ce qui contribue à la sécurité des habitants et des visiteurs.

Un soutien financier pour la pérennité des pratiques traditionnelles et la protection de l’environnement

La Confédération et le canton participent financièrement à l’entretien de ces prairies à travers des indemnités. Actuellement, ces aides s’élèvent à environ 1700 francs par hectare de prairie gérée de manière extensive. Ce soutien vise à assurer la pérennité de ces paysages et à préserver un patrimoine naturel et culturel précieux, tout en maintenant des savoir-faire traditionnels dans l’exploitation agricole en altitude.

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