Contexte et interception en mer
Immanuel, habitant de Lausanne, est l’un des neuf passagers suisses à bord du Mango, l’un des bateaux de la flottille destinée à Gaza. Il précise qu’il y avait aussi 19 autres Suisses impliqués dans cette initiative.
Interception et traitement à bord
Dans la nuit de mercredi à jeudi, la flottille a été interceptée par des forces israéliennes dans les eaux internationales. « Il était environ minuit. La flottille a été encerclée par une trentaine de bateaux. Ils nous tiraient dessus avec des canons à eau surpuissants. Certaines de nos fenêtres ont éclaté. L’eau s’est infiltrée. » Bien que certains poursuivaient le trajet, l’apparition de miliciens a changé la donne : « C’était trop dangereux. »
Le groupe a ensuite été conduit au port d’Ashdod, en Israël. « C’était tendu. Le débarquement a été d’une extrême violence. »
Après l’arrivée, l’équipage a dû rester agenouillé pendant environ une heure et demie, le regard au sol et les mains à plat sur le béton brûlant. « Au moindre mouvement, ils nous frappaient et nous insultaient. » Cette séquence a été décrite comme un moment d’humiliation, et pour certains, ponctuée de coups.
Detention et manque de traitements médicaux
Plusieurs participants souffraient de maladies nécessitant un traitement quotidien. Immanuel, diabétique, asthmatique et hypertendu, a été séparé de son médicament et de son ordonnance lors de son arrestation. « J’étais parti avec mon médicament, mon ordonnance. Ils m’ont tout pris. » Le médecin leur a même indiqué que ce médicament ne serait rendu que s’il rentrait chez lui.
Rémy Pagani, ancien maire de Genève, et neuf autres Suisses étaient également détenus dans la prison de Ktzi’ot, près de la frontière égyptienne, selon les dernières informations disponibles lundi après-midi.
Libération et accueil en Suisse
Le matin de sa libération, Immanuel a été emmené dans un véhicule avec d’autres détenus. « Pour la première fois en plus de deux jours, on nous a donné une bouteille d’eau. On est arrivés dans un aéroport, vide. Il n’y avait que des militaires. » Ils ont pris un vol vers Istanbul puis un avion turc où ils ont versé des larmes et reçu des soins attentifs de la part du personnel.
Le gouvernement turc a pris en charge les frais liés au déplacement et à l’accueil. En revanche, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a accordé à chacun des neuf Suisses libérés un prêt de 40 francs, remboursable, assorti d’un supplément de 150 francs au titre d’émolument.
Retour en Suisse et réactions
À leur arrivée à l’aéroport de Genève, Immanuel a retrouvé sa fille qui l’attendait devant les lieux. Il a raconté avoir reçu près de 5 000 messages lors de l’activation de son téléphone. Il a passé la soirée avec des amis et trois autres passagers du Mango. « C’était fantastique, j’avais l’impression que tout allait bien. » Aujourd’hui, il décrit son retour comme un véritable « ascenseur émotionnel ».